Vincent Chenet vit son rêve américain

Tous les obstacles sont des barrières en bois.

Tous les obstacles sont des barrières en bois.

Le jockey d’obstacle Vincent Chenet, 38 ans, a découvert les courses américaines appelées « timber ». Elles ont lieu dans de vastes champs et la dizaine de concurrents doivent sauter des barrières.  Un homme discret, fidèle et humble, il reconnaît aisément que « si l’on veut décrocher la cravache d’or, il ne faut pas faire comme moi !».

Un matin de septembre dernier, Vincent Chenet lit une annonce dans un journal hippique qui offre une place de jockey aux Etats-Unis, pendant un mois et demi. Toujours curieux de découvrir de nouveaux horizons, le jockey d’obstacle prend contact avec Franck Mourier l’entraîneur basé en Amérique. « Nous avions un ami en commun, il lui a parlé de moi. C’était un vrai défi à relever d’aller monter à l’étranger », avoue Vincent Chenet. Quand il apprend que les obstacles sont en réalité des clôtures en bois à sauter pouvant mesurer de 1m10 à 1m50, sans barre d’appel, sans lice, disséminées dans de vastes prairies, cela ne l’effraie pas. Au contraire. « Il faut le vivre pour le croire car il n’y a pas d’équivalent en France. Ce genre de compétition est très difficile, c’est aussi ça qui me plaît et me motive. Il faut avoir des chevaux très doués et maniables pour réussir », explique-t-il. Justement, le dernier jour, Vincent Chenet a réussi à s’imposer. « Nous n’avons gagné qu’à la fin de la saison car l’entraîneur et moi étions nouveaux dans cette discipline et les chevaux débutaient également. Il ajoute : j’ai fait confiance à Franck Mourier même s’il se lançait dans les « timber races » car c’est quelqu’un de très réfléchi et compétent. Il se donne des objectifs pour l’avenir

Les deux hommes entraînaient leurs quatre chevaux au fil de leurs pérégrinations à travers les Etats. «Nous avions un camion très bien équipé et en fonction des prairies vallonnées et des clôtures naturelles que nous trouvions, nous entraînions les chevaux. J ‘ai été très surpris par cette méthode différente de ce que l’on peut faire en France. Surtout quand on prépare les chevaux en les faisant galoper à faible allure pendant trois quart d’heure non-stop », explique Vincent Chenet. Pour l’heure, le Français s’est engagé auprès de son entraîneur à revenir pendant un mois et demi par an, pendant trois ans. Il doit  y retourner au printemps prochain, pour un meeting qui sera plus intéressant avec en point d’orgue la Maryland Hunt Cup, l’une des courses steeple-chase les plus difficiles au monde, avec 22 barrières à sauter. « Lorsque je me suis imposé lors de la dernière épreuve, nous avons battu des chevaux qui avaient déjà gagné trois fois à Cheltenham. C’est de bon augure pour pouvoir relever nos objectifs», confie Vincent Chenet.

Une autre façon de voir le métier

Avec près de 130 victoires dans sa carrière, Vincent Chenet fait partie des pelotons français depuis plus de 20 ans. Pourtant, il est rarement sur le devant de la scène. Discret mais aussi très humble, il suit son chemin en restant fidèle aux entraîneurs avec qui il travaille. Et rares sont ceux qui comme lui, sont « capable de refuser une meilleure chance, si l’un des entraîneurs avec qui je collabore régulièrement fait appel à moi », révèle-t-il. Il a conscience que ce choix de carrière l’a peut-être défavorisé mais, selon lui, cela lui a permis de durer. Il insiste : « je n’ai jamais cherché la quantité mais plutôt de préparer fidèlement mes chevaux. Une chose est sûre, si l’on veut être cravache d’or il ne faut pas faire comme moi !».

En regardant dans le rétroviseur, Vincent Chenet est satisfait de sa carrière : « j’ai réussi à devenir un jockey de cross qui est ma discipline préférée. J’aime les sensations que cela  procure en frôlant le risque. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai aussi vite adoré les Timber car les obstacles sont plus difficiles à franchir et laissent moins de place à l’erreur », reconnaît-il. Tous les matins, le jockey aide Claire Chenu, sa compagne, à préparer ses chevaux. Il note : « je compte faire le maximum pour que ma femme réussisse avec ses pensionnaires ».  En allant monter aux Etats-Unis, l’Agenais s’est dégoté un nouveau rêve. Toujours humble, ses rêves le démontrent. Alors que d’autres diraient d’emblée « je veux remporter le Grand National de Liverpool et maintenant la Maryland Cup ». Lui, il souhaite au moins y participer. Humble.

Marion Dubois

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