Le Breton Christian Le Galliard débarque à Cheltenham

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L’entraîneur de Seabreeze d’Ho va troquer son bonnet rouge de Breton pour un haut-de-forme à l’anglaise. Son protégé connaît une seconde jeunesse en étant au départ d’un groupe II, samedi à Cheltenham avec David Cottin en selle. C’est l’occasion de mettre en avant Christian Le Galliard, 53 ans, un entraîneur atypique prêt à relever tous les défis.

Quelle est l’histoire de Seabreeze d’Ho ?

Je l’ai récupéré dans mes boxes, il y a un an et demi car il avait des soucis de jambe et a dû être greffé d’un tendon. Sa carrière de course était presque terminée. Mais, la cavalière Sandrine Hagenbach a voulu le placer chez moi, en location, car j’ai l’habitude de « réparer » des chevaux. Grâce à du repos et des séances au bord de la mer, il a retrouvé progressivement la forme.

Quand a-t-il retrouvé la compétition ?

Il n’avait plus revu un hippodrome depuis le 24 juin 2010. Il a repris tranquillement lors d’une course non-officielle à Craon, où il était monté par Peter Mary. Il s’agissait d’une course de galop monté par des trotteurs. Et il a gagné ! Il avait enregistré de bons résultats en plat mais aussi en obstacle pour Jehan Bertran de Balanda.  Je savais qu’il avait de la qualité. En début d’année, il a couru huit fois en plat en étant toujours dans les trois premiers, sauf lors de sa rentrée. Puis, j’ai eu le culot de l’engager à Auteuil, sans prétention. Il termine deuxième.

En début d’année, vous n’auriez jamais pensé le présenter à Cheltenham, n’est-ce pas ?

Non c’est sûr ! J’avais plutôt pensé au prix du Cadran (groupe I, à Longchamps, NDLR). Mais, comme il s’est bien comporté à Auteuil et qu’il a remporté deux listed, nous avons été invité à Cheltenham, après sa deuxième victoire.

Comment envisagez-vous cette course ?

Il faut qu’il s’adapte à l’hippodrome mais comme nous sommes arrivés depuis mardi dernier, il a pu découvrir les claies anglaises. Ce ne sera pas un problème pour lui car il sait tout sauter. Quant à la distance de 3300 mètres, il devrait s’adapter aussi sans problème.

Comment a-t-il travaillé avant de partir ?

Il a réalisé un très bon canter samedi dernier en France, c’était vraiment un travail en or. Lors de sa dernière sortie à Auteuil, il se classe 10ème mais je n’avais pas pu le préparer correctement à cause d’un problème de piste. Il est arrivé trop défraîchi sur le Groupe II, or, Seabreeze d’Ho a besoin de faire régulièrement canter pour être au top.

Où êtes-vous installé ?

Mon écurie est à Naizin, dans le Morbihan près de Vannes. J’entraîne une quinzaine de chevaux depuis 1986 sur une piste de 650 mètres. Je réalise plutôt un travail de fond avec mes chevaux. Je monte encore en course pour le plaisir, j’accumule près de 215 victoires en plat.

Vous avez la particularité de récupérer des chevaux blessés et de les ramener à la compétition. Pourquoi ?

Je ne veux pas dresser les poulains. J’aime travailler mes pensionnaires sur la plage, cela leur fait du bien au moral. Je prends le temps avec eux. Le rythme est simple chez moi. Un cheval va au marcheur, puis il travaille à la piste, ensuite balade puis deuxième canter et encore balade.

Comment êtes-vous arrivé dans le monde des courses ?

Mon père était marchand de bêtes en Bretagne, et montait en course de pays. Grâce à lui j’ai monté à poney puis je l’ai suivi lors des courses de pays en Bretagne. A 13 ans, je suis entré à l’école des jockeys à Maisons-Laffitte, où j’ai obtenu de bons résultats.

De si bons résultats, que vous avez une belle anecdote à la clé. N’est-ce-pas ?

Oui j’ai été invité par le président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing,  car j’étais le premier de l’école aussi bien pour la pratique que pour la théorie. J’ai donc eu l’honneur de recevoir un trophée des mains du président, le jour de l’Arc de Triomph. La Reine d’Angleterre était aussi présente, je lui ai d’ailleurs baisé la main comme le voulait le protocole. Et qui sait ? Je vais peut-être recommencer si je gagne à Cheltenham…. !

Marion Dubois

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